On me pose souvent la question : pourquoi un citoyen, un technicien sans carrière politique, se lance-t-il dans une aventure aussi improbable que celle d’un projet présidentiel ?
La réponse est simple et sans ambiguïté : par devoir. Non par choix, mais par obligation morale. C’est une mission que je n’ai pas souhaitée, mais que je me sens contraint d’accepter.
Comme des millions de Français, je vois notre pays au bord du précipice. Je vois des électeurs désemparés, qui ne votent plus parce qu’ils sont convaincus, à juste titre, que rien ne change. Le constat est dur : aujourd’hui, une grande partie de nos concitoyens ne vote plus pour un projet, mais contre un candidat, dans un jeu de rejet permanent qui n’apporte aucune solution. Ils se sentent trahis, abandonnés par une classe politique qui leur semble incapable de voir la réalité en face. Ils ne sont ni « de droite », ni « de gauche ». Ils sont simplement Français, et ils sont inquiets.
Leur inquiétude est la mienne. L’ascenseur social qui m’a permis de m’élever est aujourd’hui en panne, laissant notre jeunesse sans espoir. Nos entreprises, écrasées de charges et de normes, ne sont plus compétitives. Nos retraites, financées par une dette toujours plus lourde, sont une bombe à retardement. Et si nous continuons sur cette trajectoire de dépenses folles, le spectre d’un scénario « à la grecque » – une faillite brutale imposée de l’extérieur – n’est plus une fiction, mais notre avenir probable.
Face à cette urgence, les vieux clivages sont inutiles. Le jeu stérile entre la droite et la gauche est devenu une partie du problème.
Et que l’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas de proposer un énième compromis centriste. Ma démarche n’est pas politique, elle est une question de bon sens. C’est la logique implacable que connaît tout chef de famille ou chef d’entreprise : on ne peut pas organiser l’avenir avant d’avoir réparé le toit et payé les factures.
Voici donc la vérité inconfortable que personne n’ose formuler : pour sauver notre modèle social, il faut d’abord le mettre en suspens. Pour que la solidarité (le cœur) puisse battre, il faut une économie forte (les poumons) pour l’oxygéner. Le capitalisme, la création de richesse, la compétitivité ne sont pas des ennemis du progrès social ; ils en sont la condition absolue.
On ne peut pas distribuer une richesse que l’on ne crée plus. On ne peut pas promettre un social juste quand on est étranglé par la dette. L’inverse, continuer à faire un « programme de gauche » avec une économie en ruine, c’est la garantie de la faillite pour tous.
C’est pourquoi ma démarche est séquentielle. Il faut commencer par un programme « de droite » pour pouvoir, un jour, financer un programme « de gauche » qui soit juste et durable.
Il faut d’abord remettre la France sur pied. C’est le sens de la « récession choisie » : une cure de rigueur que nous maîtrisons, que nous pouvons ajuster, afin d’éviter la purge brutale qui nous sera imposée par d’autres. Mieux vaut piloter une descente contrôlée où nous gardons les leviers de commande, qu’un crash subi où nous n’aurons plus aucune marge de manœuvre.
Oui, ce chemin sera difficile. Pour les plus faibles, ce sera une traversée du désert. L’honnêteté m’oblige à le dire. Mais c’est le seul chemin pour atteindre l’autre rive : celle où, une fois désendettée et redevenue forte, la France pourra enfin se permettre un modèle social juste, financé par la richesse créée et non par l’emprunt. Un modèle où la solidarité ne sera plus un fardeau, mais le fruit de notre prospérité retrouvée.
Mais cet effort est le plus grand acte de générosité que notre génération puisse accomplir : c’est le sacrifice juste que nous devons consentir pour offrir à nos enfants un pays libéré de la dette et à nouveau maître de son destin.
Ce n’est pas un projet d’ambition, mais de mission. C’est un plan de sauvetage. On ne choisit pas d’aller au front par plaisir, mais on y va quand la patrie et l’avenir de nos enfants sont en danger.
Aujourd’hui, ils le sont. C’est pourquoi je suis là. Par devoir.
Thierry Maignan